Histoire de la commune
Ménil n’est pas né, comme la plupart des villes et villages de la Mayenne aux alentours du 11e siècle, mais beaucoup plus tôt, par la conjonction d’éléments propices à l’établissement de la vie. Tout a commencé, semble-t-il, par l’existence, en ce lieu, d’un gué salutaire qui permettait aux populations de franchir la rivière sans trop de risques, et ce, probablement, dès l’époque gallo-romaine. La toponymie locale en porte encore le souvenir avec « moulin du gué », « barrage du gué », « écluse du gué ».Les plus sages de ces voyageurs ont compris que s’établir là était un choix judicieux : tout y était plus facile dans cette vallée au sol riche, au confluent d’un généreux ruisseau et d’une rivière poissonneuse.
Oserions-nous penser qu’ils furent aussi séduits par la beauté du paysage ?
Une vaste nécropole mérovingienne décelée sous une partie du bourg, atteste de l’occupation précoce du site et de l’importance de la concentration humaine à cet endroit. Deux autres éléments nous le confirment : le premier est l’appellation de « civita » (cité) donnée à Menil dans un texte du 11e siècle, le second étant la construction d’une 2e et massive église par les moines de l’abbaye de Vendome fin 11e siècle. Une agglomération comportant deux églises (St Georges la nouvelle et St Martin la plus ancienne) plus un prieuré ne pouvait être qu’importante, sans doute plus qu’aujourd’hui.
La relative décroissance de Menil au cours des siècles suivants pourrait s’expliquer par l’attrait de plus en plus fort de Château-Gontier, tout proche, à l’abri de ses remparts, surtout pendant les époques troubles du bas Moyen-âge (luttes pour la possession de territoires et guerre de cent ans).
Le 15e siècle voit l’arrivée, sur la commune, de la famille de Racappé qui prendra sous sa coupe les terres de Menil et ce, jusqu’à la révolution. Elle fera construire, à l’apogée de sa grandeur, le magnifique château de Magnanne, fin 17e siècle, à quelques centaines de mètres du bourg, à l’emplacement d’une construction plus ancienne.
Le 16e siècle est illustré par les méfaits des guerres de religions et, en particulier, par un habitant de Menil, René de la Rouvraye, sieur de Bressault, qui fait régner la terreur pendant près de douze ans, de 1560 à 1572. Ayant choisi le camp des protestants, il hante la contrée en volant, pillant, brûlant, mutilant, assassinant les religieux, ce qui lui vaut la sinistre appellation de « diable de Bressault ». Capturé en 1572 et jugé à Angers, il a la tête tranchée et celle-ci est exposée à Château-Gontier, sur la principale porte de la ville.
Les 17e et 18e siècles se passent sans grands faits marquants, hormis les inévitables famines et épidémies que la France connaît à cette époque. Il faut attendre la révolution pour voir Menil revivre des évènements tragiques. Dans une région profondément attachée aux valeurs de l’ancien régime, le village est le théâtre, pendant près de dix ans, de conflits entre chouans et républicains. Combats et embuscades sont fréquents sur la commune, exactions et représailles se suivent, l’église et le presbytère sont même incendiés par les chouans en 1794. Une dizaine d’habitants y laisseront leur vie et il faudra attendre le concordat en 1801 pour voir les passions s’apaiser et le retour de la paix sociale.
Les recensements de la population nous apprennent que 1400 âmes occupent la commune au début du 19e siècle et ce chiffre va décroître régulièrement jusqu’au 20e siècle inclus. C’est, malheureusement, le sort de tous les villages ruraux qui voient leurs jeunes quitter une terre qui ne peut plus les nourrir.
Au 19e siècle toujours, Ménil est le témoin des effets de l’industrialisation du pays au travers de la campagne de canalisation de la rivière la Mayenne pour permettre un meilleur trafic des marchandises. En huit années, de 1860 à 1868, une modernisation considérable des ouvrages d’art qui régulent le cours d’eau est engagée. Un canal de 900 mètres de long est creusé, un pont est bâti sur celui-ci, les barrages et les moulins sont déplacés ou recalibrés ou détruits, selon les cas. Les écluses à sas sont construites, telles qu’on peut les voir aujourd’hui, pour remplacer les trop dangereuses portes marinières.Le paysage trouve, enfin, l’aspect qu’il a de nos jours avec, néanmoins, un côté bocager moins affirmé du fait de l’agrandissement des propriétés foncières. Le nombre de fermes passe de plus de 110 à moins de 40 en l’espace d’un siècle.
Seul à résister au temps et aux assauts du modernisme, le Bac de Ménil, devenu dans son genre l’unique survivant du département, continue, depuis près de 200 ans, à faire la joie de ceux qui l’empruntent. On passe allègrement d’une rive à l’autre accompagné, à l’occasion, de son moyen de locomotion, qu’il soit vélo, moto, automobile ou même cheval.
Ménil aborde le 21e siècle avec la vocation d’être, à la fois, un village au charme tranquille et aussi d’être tourné résolument vers l’avenir avec des atouts touristiques indéniables. Ses presque 2000 ans d’existence nous donnent des raisons de croire que l’endroit n’était quand même pas si mal choisi pour y partager un bonheur tout simple.